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CUMBE
18 mars 2013

Le jazz en attitude majeure

Eric Legnini 005 (c) Jean-Baptiste Millot

Epaulé par l'Afro Jazz Beat, Eric Legnigni pratique l'ouverture musicale grand angle avec Sing Twice ! Sur ce nouvel album, le jazzman belge invite des interprètes aussi différents que l'anglais Hugh Coltman, la malienne Mamani Keïta ou l'américano-japonaise Emi Meyer. Des rencontres que ce dernier décrit avec entrain.

Sing Twice ! annonce la couleur. C'est donc bien la suite de The Vox ?

Eric Legnigni : " Oui, j'ai voulu prolonger l'expérience engagée avec Krystle Warren sur l'opus précédent. Le titre de l'album évoque l'expression anglaise Think Twice. C'est un deuxième volet mais qui prend des directions différentes, de par l' origine des interprètes. "

Comment s'est déroulée la rencontre avec Hugh Coltman?

E.L. : " Hugh provient de l'univers pop pourtant c'est avant tout un artiste doté d'un fantastique pouvoir d'adaptation. Il sait se placer dans le groupe et sur la musique. C'est un grand pro pourtant son égo disparait dès qu'il travaille. Il l'a prouvé en studio mais également sur scène. Son timbre chaud se lie parfaitement aux improvisations. Il suffit d'écouter un morceau comme Snow Falls. "

Mamani Keïta est le lien direct avec le Mali, l'Afrique...

E.L. : " Et c'est encore une autre approche musicale de l'album. Je suis fasciné par nombre de musiciens afro-américains mais j'ai un faible pour le Africa Brass de John Coltrane. Cet enregistrement évoque naturellement le lien avec l'Afrique. Si le jazz est né sur le sol américain, il puise naturellement ses racines sur le continent premier. La composition de Coltrane est explicite. C'est le lien que j'ai voulu travailler avec Mamani. "

C'est le sens donné à un titre tel The Source ?

E.L. : " Oui. Avec ce morceau Mamani Keïta évoque l'amour d'une mère pour son enfant. A l'image du jeu de mot cultivé avec le titre Think Twice, le nom de la chanson évoque un double sens, tour à tour une quête des racines mais aussi la filiation. C'est une dimension que je voulais cultiver sur ce nouvel album. Je refuse les chapelles. Le jazz prend ici une dimension de partage. "

Le choix des claviers n'est pas anodin...

E.L. : " Effectivement. Outre le piano, je joue du Fender Rhodes. Cet instrument offre une chaleur évidente qui n'est pas sans rappeler la soul des 70's. C'est une période que j'aime beaucoup. Que l'on retrouve aujourd'hui avec un musicien tel Cheick Tidiane Seck, l'usage qu'il fait du Moog, du Clavinet. Là encore c'est une suite logique du jazz, et qui trouve son prolongement avec le hip hop. En fait, même si il y a des passerelles et une démarche finalement cohérente, les compositions sont surtout basées sur le plaisir de jouer. "

Cinecittà témoigne de vos racines italiennes....

E.L. : " Oui, d'abord mes ascendants et ma mère qui est chanteuse lyrique mais également le cinéma. C'est une discipline que j'affectionne particulièrement. Evidemment Cinecittà ça fait directement référence au registre italien. On pense forcément à Fellini et à tous les monstres du septième art qui ont marqué cette période.  Ce thème est un brin mélancolique. J'aime bien la notion de saudade, ce sentiment de tristesse joyeuse... "

Allez vous toujours au Japon ?

E.L. : "Oui. Le titre Shibuya, extrait de mon dernier album, renvoie justement au quartier de Tokyo. C'est un pays que j'apprécie. Lorsque je joue là-bas, j'aime bien fouiner, faire les disquaires. J'ai un côté digger. Je collectionne les vinyls, les perles rares. J'ai des goûts variés. C'est un  reflet de ma démarche : il n'y a rien de calculé. "

Magic Malik ou Ibrahim Maalouf déchirent volontier les étiquettes musicales ? Appréciez-vous leur démarche ?

E.L. : " Ah oui... Ce sont des musiciens avec lesquels je me sens proche. Je ne sais pas si il faut parler de génération mais en tout cas ces artistes là cultivent avant tout la joie de jouer, en se moquant pas mal de savoir si ça vient de la variété ou du jazz. "

Cette absence de complexes n 'est elle pas aussi liée à votre pays d'origine, la Belgique ?

E.L. : " C'est vrai que la vie à Bruxelles est différente de Paris. Le milieu musical est plus petit. Tout le monde se connait, se file un coup de main... Disons que ça reste à dimension humaine. La ville est à l'échelle du pays. On est près les uns les autres. "

 

Sing Twice ! Discograph

Propos recueillis par Vincent Caffiaux

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