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CUMBE
26 mars 2013

Mali All Stars

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Apparu il y a dix ans à Bamako, le studio Bogolan est un site clé pour le développement des musiques maliennes. C'est  le feu Ali Farka Touré qui parraine alors ce lieu aujourd'hui présenté au travers d'un superbe coffret : Mali All Stars Bogolan Music. Composée d'un double CD et d'un DVD, cette anthologie reflète la vitalité des rythmes sahéliens. Un pôle d'enregistrement désormais prisé par des artistes internationaux comme Dee Dee Bridgwater ou Damon Albarn.

L'actuel conflit au Nord-Mali place aujourd'hui cette contrée sous les feux de l'actualité. Une crise complexe, à l'image du pays en ailes de papillon, à la croisée du Sahara au Nord et du pays mandingue au Sud. Cette configuration compose une mosaïque  culturelle inédite qui, malgré les enjeux géopolitiques, est une source d'enrichissement artistique évidente. Un canevas relaté au travers de la compilation "Mali All Stars Bogolan Music". Epicentre du boom musical malien, le studio Bogolan est un site équivalent à Studio One, pour le reggae, en Jamaïque. L'interaction avec le tissu musical et le dynamisme dégagé sont identiques. Installée dans le quartier de Quinzanbougou, à Bamako, cette structure fait référence à la pièce de coton propre aux contrées d'Afrique Occidentale. Le nom d'emprunt est surtout révélateur de la politique d'action du studio, axée sur la tradition, le métissage, et servie  par une technologie encore trop rare au Mali. Ici le professionalisme revendiqué évoque volontier le  sénégalais Youssou n' Dour et son discours quant à un développement artistique en situation.

L'ingénieur du son Yves Wernert et  le producteur Philippe Berthier lancent le studio Bogolan en 2002 avec le soutien de Ali Farka Touré. Le bluesman de Niafunké crée, à quelques mètres de l'unité de production, le disquaire Mali K7. Un symbole relayé, depuis la disparition de ce dernier, par l'incontournable Ibrahim Syllart, figure de l'édition phonographique africaine, et par Olivier Kaba, le jeune patron du label parisien Métis Record. Pour celui-ci la logistique implantée à Bamako répond à une histoire : " Il y a dix ans, nous observions l'apparition d'une vague africaine, provoquée par un dessin animé tel Kirikou ou bien encore grâce à Damon Albarn. D'ailleurs, le musicien britannique fut un des premiers occidentaux à fréquenter le studio Bogolan. C'est ici qu'il a enregistré Mali Music, avec des artistes du cru parmi lesquels Toumani Diabaté ou Afel Bocoum. "  Le studio est rapidement fréquenté par des labels tels World Circuit ou Universal Jazz : " Nous proposons une logistique confortable avec une console quatre vingt seize voies, différentes cabines, le tout répartit sur 100 m2 et complété par une structure d'hébergement de proximité " détaille Olivier Kaba qui évoque l'éthique maison : " Nous fixons un double tarif, à destination des musiciens africains ou extérieurs, selon. Nous sommes un lieu d'échanges. Il ne s'agit pas de se couper de la base locale. "

Scindé en deux tomes, le coffret Mali All Star concentre, comme son nom l'indique, un who's who étalé sur deux  générations. Le premier tome fait la part belle aux ténors avec Ali Farka Touré solo, ou en compagnie du joueur de kora Toumani Diabaté. Les pointures féminines sont mises en avant. La grande Oumou Sangaré interprète le morceau titre de son dernier album, Seya. Elle répond ainsi à Bako Dagnon, mémoire de la vie griotique. Boubacar Traoré, voix essentielle de la musique locale distille son spleen au travers du beau Djonkanna. Des chanteurs moins connus en Occident mais essentiels comme Mangala Camara ou Kasse Mady Diabaté rappellent ici la complexité des rythmes et le lyrisme qui font finalement la spécificité du répertoire ambiant. Restent Bassekou Kouyaté, modèle de tradition assimilée avec finesse, ou bien encore Tinariwen ambassadeurs de la culture touareg. Une formation qui a largement contribué à la fascination des rockers pour la scène malienne.

Si le premier volume est dévolu à la tradition, le second disque s'intéresse justement à l'impact des rythmes sur la scène mondiale. C'est le cas de Damon Albarn avec Sunset Coming On ou bien encore de Björk qui rencontra Toumani Diabaté à l'époque de Volta. Particulièrement populaire en France, le duo Amadou et Mariam est accompagné par -M-. Plus finement, la richesse du patrimoine musical malien croise volontier avec les rythmes latins. Accompagné par Africando, Salif Keita revisite  N'Toman, un thème des illustres Ambassadeurs, sur le mode afro salsa. Une déclinaison qui évoque, avec pertinence, l'impact des rythmes cubains en Afrique Occidentale, à la fin du siècle dernier. Autre classique, Fanta Bourama par Djelimady Tounkara célèbre les noces entre l'Afrique et la musique espagnole classique. Rokia Traoré incarne admirablement la place de la musique malienne en Europe. Mande Bossa croise au large du Brésil. Alors que le nigérian Keziah Jones épaule de son côté Adama.

Particulièrement aboutie, cette compilation est complétée par un DVD. Les reportages évoquent, entre autre, l'accordage d'instruments typiques comme la kora ou le n'goni, le griotisme ches les français maliens de la deuxième génération ou bien encore une rencontre surprenante entre les musiques loacale et klezmer. Ces sept documents complètent, de façon idéale, le coffret Mali All Stars. L'objet est illustré par un livret particulièrement riche en textes et photos. il est rédigé par Florent Mazzoleni, une pointure journalistique en la matière.

Mali All Stars Bogolan Music   Métis records / Universal 

www.studiobogolan.com

VIncent Caffiaux

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