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CUMBE
12 janvier 2012

Le grand voyageur

Titi Robin par Louis Vincent

 
Loin des poncifs, Titi Robin incarne un imaginaire habité. Un univers où  gravitent naturellement musiques gitanes, orientales et indiennes Et cette vision du monde le pousse  vers des horizons nouveaux. Ambitieux, Rives, le dernier projet en date correspond à une série de trois enregistrements effectués sous forme d'un retour aux sources Des albums édités depuis peu sous nos latitudes au
travers d'un impeccable coffret.

L'idée du coffret Rives est singulière...

Titi Robin : " Oui. j'ai en fait décidé de réunir des musiciens des différentes contrées qui m' ont marqué. Je voulais rendre hommage à ces artistes fabuleux et m'acquitter, en quelque sorte, d'une dette que j'avais envers eux...Mais je voulais aller plus loin qu'un simple album où seraient compilées ces rencontres. J'ai donc sélectionné des pays comme le Maroc, la Turquie et l'Inde afin d'organiser, dans chaque pays, une session d'enregistrement avec parution à l'unité dans chaque contrée . Chaque volume de ce triptyque a donc été fabriqué sur place, au sein des studios et au travers des réseaux de distributions locaux. Les spécificités culturelles ont ainsi été respectées, du choix des pochettes à l'alphabet. Une fois ces enregistrements effectués, le projet est sortie en décembre 2011 en occident, sous forme de coffret. "

Ce choix d'aller enregistrer in situ est il politique ?

T. R. : " Disons que j'en ai marre qu'on fasse avec les musiques du monde ce qu'on fait avec le pétrole : importer une matière première pour satisfaire les attentes du consommateur d'ici. Le but est que chaque marocain, indien ou turc puisse avoir accès à sa propre culture. Outre l'impact économique, commander un disque en France à prix d'or, il s'agit pour les turcs, marocains ou indiens d'avoir accès à leur propre culture grâce à cette création. Oui, à ce titre, ca dépasse le cadre stricto musical. c'est délibéré. "

Quel est le dénominateur commun à ces trois disques ?

T.R. : " Je pense que c'est le rêve. Le choix du titre Rives n'est pas anodin. Il existe des liens historiques, culturels entre ces trois contrées. C'est le cas du bassin méditerranéen ou les connexions sont évidentes. C'est valable également pour la culture gitane qui provient d'Inde. Mais ce n'est pas une exploration musicologique. à proprement parlé J'y ai imprimé ma marque. Le choix du terme rive fait référence à l'eau. Donc au retour aux sources... Je ressent  comme une mystique qui unit les rives et les peuples. Le lien se fait  par le voyage. "

Ce projet récent ne fait il pas aussi référence au jeune Titi Robin qui côtoyait ses potes immigrés dans les faubourgs d'Angers ?

T. R. : " Évidemment. On est toujours le fruit d'un passé. D'ailleurs je nourris mon inspiration de cette expérience. Le fait de retrouver des copains maghrébins dans les bistrots d'Angers à contribué à cette identité. C'est une somme de rencontres. Un moment à mes yeux important. J'aime multiplier les duos ou boeufs. Ce n'est pas qu'une rhétorique musicale. C'est une attitude. C'est valable depuis les tout débuts de ma carrières aux cotés de mon ami Erik Marchand. Çà l'est désormais aux contact d'autres musiciens, dans leurs pays. "

 

C'était le cas lorsque vous avez joué avec Bashung ?

T.R. : " C'est le bon exemple. On s'est rencontré notamment lors d'un concert. C'était curieux de voir comment il m'observait, alors que je suis issu d'une autre culture. L'essentiel est gardé dans le rendu. J'en conserve un excellent souvenir que j'ai prolongé au travers d'un hommage récent sur disque. "

 

Vous avez apporté un soin particulier au coffret...

T.R. : " Je propose une sélection de mes influences avec des interprètes de qualité comme Farimaz qui chante une belle Rumba Türkmen. Un DVD où figurent les acteurs du projet permet de fixer ces moments de création. Et on a fait le choix d'illustrer le tout par les poèmes ou textes qui ponctuent la production. Ces textes sont naturellement traduits et permettent ainsi de s'imprégner de l'ambiance, de saisir le caractère, le sens des titres. Ce travail est l'aboutissement de 25 ans de travail. "

Comment expliquez vous que ces musiques d'inspiration traditionnelle sonnent si modernes ?

T.R. : " Cela fait peut être référence aux rencontres dont on vient de parler. Les trois disques sont enregistrés avec des formations de cultures différentes. En fait je donne carte blanche aux musiciens. C'est un tout, une cohérence. D'ailleurs je travaille au quotidien avec ma propre équipe. C'est comme une famille. Une quarantaine de personnes gravitent autour de mes albums. Elles occupent des fonctions diverses, pas forcément au plan musical. Je m'entoure ainsi d'un photographe. Et je collabore avec un plasticien. Ce tissu contribue je pense aussi à cette dynamique, à cette modernité. "

Vous allez toujours régulièrement à Jaïpur, en Inde ?

T.R. : " Oui c'est une région du monde qui est importante à mes yeux. C'est la cas de mon travail avec le chanteur soufi pakistanais Faiz Ali Faiz pour l'album Jaadu. Ces différentes cultures restent des creusets. "

Quid des concerts ?

T.R. : " Il y en a beaucoup. L'année 2011 fut prenante avec un concert au mois de juin. à l'Institut du Monde Arabe. C'était une belle date. Figuraient aussi Charbel Rouhana et Fawzy Al-Aiedy. J'ai participé à des fêtes dans l'esprit des nuits du ramadan. Et les concerts vont se poursuivre cette année. J'invite surtout le public a être curieux, à écouter beaucoup de musiques. "

Propos recueillis par Vincent Caffiaux

Titi Robin : Les Rives  (Naïve)

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