Emel Mathlouthi Kelmti Horra

Un an après la révolution du jasmin, la Tunisie bourgeonne d'une voix éclatante avec Emel Mathlouthi. Entendue en France au sein de Meï Teï Shô, vue avec Tricky, la jeune tunisienne affirme le tempérament et les idées d'une jeunesse arabe en mouvement. Dans les pas de sa compatriote Amina, Emel Mathlouthi  (re)mixe ainsi, pour cette production les beats lourds du dub et un trio de cordes aux mélopées grâce à une ligne artistique audacieuse. On est ici à mille lieues de la variété maghrébine ou des fusions orientales hasardeuses. C'est le cas du puissant Houdou'on, où son timbre se démultiplie à l'infini. Les arrangements  de cordes sont  d'une finesse rare comme l'atteste le poignant Ta Tounes Ya Meskina. Quand ils ne se taillent pas la part de la gazelle avec Ethnia Twila, véritable suite de quelques huit minutes à la luxuriance que n'aurait pas renier le... Led Zeppelin de Kashmir. L'engagement est à l'aune de la musique pour cette pasionaria qui cite volontiers Bob Dylan ou bien encore la libanaise Fairuz. Kelmti Horra, la plage titulaire est, à ce titre, l'emblème de la lutte contre les despotes. "Nos yeux se sont levés le 14 janvier ne connaisant plus le sommeil..." A écouter fort et les fenêtres grandes ouvertes. C'est le message clairement revendiqué. Celui de la liberté.

World Village / Harmonia Mundi (sortie le 24 janvier 2012)

Vincent Caffiaux

 
Emel Mathlouthi - Dfina