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CUMBE
3 avril 2013

Guembri blues...

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Idriss El-Mehdi tisse un lien singulier et pourtant naturel entre les racines musicales américaines et les rythmes gnawas. Alors que sort son album Wild Bird, le musicien d'origine marocaine évoque son parcours, l'usage du guembri, sa rencontre avec le mythique Tony Allen avant de détailler son coup d'essai... 

Comment est venue l'idée d'incorporer la musique gnawa à votre répertoire ?

Idriss El-Mehdi : " J'ai eu un choc, il y a douze ans, lorsque je suis retourné au Maroc. A Marrakech j'ai découvert le répertoire gnawa lors d'une prestation du maalem gnaoui Mahmoud Guinea. A l'époque cette culture n'était pas populaire comme aujourd'hui. Le festival d'Essaouira n'était pas médiatisé. Ce rythme m'a rapidement fasciné. Je suis allé voir Mahmoud Guinea qui qui m'a proposé un rendez vous deux jours plus tard, sur place, à la zaouïa Sidna Bilal. C'est un haut lieu de la vie spirituelle locale, (tour à tour un monastère et une école NDA). Le contact est bien passé. J'ai alors cotoyé ce milieu assidûment. "

Qu'est qui vous attire dans ce rythme ?

I.E.M. : " C'est une musique d'inspiration soufie faite de mélanges, un croisement entre l'Afrique Noire, d'où viennent les gnawas, et la culture orientale. La pratique s'exprime par une transe extrêmement codifiée avec ses croyances,  ses rites et ses référents. Cette approche syncrétique rappelle le vaudou en Haïti ou le macumba brésilien. J'ai eu la chance de découvrir cette culture de l'intérieur. Ca a permis une meilleur imprégnation. "

Pourtant votre production reste occidentale...

I.E.M. : " Oui. Ce projet a connu plusieurs étapes. Après avoir composé une première série de morceaux à la coloration world, j'ai décidé de lancer une passerelle entre ce rythme traditionnel et le blues afro-américain, une autre passion. Ces deux musiques ont pour point commun d'être apparues suite à des déportations ou migrations. Elle sont les alliages de plusieurs cultures, l'Afrique sub-sahélienne au contact de l'Islam pour les gnawas et les racines africaines mais réinventées pour le blues. "

Vous êtes vous heurté aux garants de la tradition ?

I.E.M. :  " Chez les créateurs non. D'ailleurs je n'ai pas cherché à incarner un musicien gnawa. Certains sont formés et sont appelés à vivre selon cette tradition ce qui n'est pas mon cas. Lorsque Mahmoud Guinea m'a offert un de ses guembris, il m'a dit d'en faire ce que je voulais. C'est une grande leçon de générosité. "

Ne prolongez-vous pas le travail d'un Ben Harper  ?

I.E.M.  : " La comparaison me touche. C'est un musicien que j'apprécie tout particulièrement. J'aime son travail au plan sonore. La tessiture est chaude. C'est une des caractéristique de Wild Bird. Je voulais ce rendu acoustique, près des racines. Quand une personne m'avoue, à l'écoute de l'album, avoir envie de taper du pied,  ça me comble. Le rythme prend ici toute sa place. "

 

Votre approche du guembri n'est pas formelle...

I.E.M. : " Non. J'ai une formation de pianiste mise en exergue auprès de chanteurs comme Teofilo Chantre, Hubert Mounier ou Christophe. Me retrouver avec un guembri, dans les mains, fut donc nouveau. Cet instrument est un des éléments de base de la musique gnawa. Il est composé de trois cordes faites en boyau de chèvre. L'approche que j'en fait est inédite. La base rythmique traditionnelle n'utilise qu'un quart du potentiel technique. J'ai donc décidé d'explorer de nouvelles facettes de l'instrument. "

Comment s'est passée votre rencontre avec le batteur Tony Allen ?

I.E.M. : " Nous avons un ami en commun qui nous a présenté. La rencontre s'est déroulée chez lui. Je connaissais naturellement son travail avec la première formation de Fela, ses albums solo ainsi que ses nombreuses collaborations. Il a toujours été un grand amateur du style gnawa. L'approche rythmique le renvoie certainement à la culture yoruba de ses origines, au Nigéria. J'avais pris des bandes de Wild Bird qu'on a écouté. Il craqué sur No Problem, le single. C'est ce morceau qu'il a décidé d'enregistrer, après une improvisation sidérante sur son balcon... " 

A propos d'afrobeat, un titre comme Kill the Beast ne fait-il pas écho au Beasts of No Nation de Fela ?

I.E.M. : " Le texte peut s'y rapporter. Avec ce morceau, j'évoque les puissants de ce monde, et la facette négative qu'ils développent parfois. Après coup, je me suis aperçu que ce titre pouvait également être ressenti d'un point de vue introspectif. Le but n'est il pas d'évoluer, de tuer la bête qui réside en chacun de nous ? "

Goddamn The Pusher Man, avec sa consonnance blaxploitation, sonne latino et finalement très new yorkais...

I.E.M. : " C'est un thème qui aborde, comme son nom l'indique, l'usage des stupéfiants au travers du trafic. J'y dénonce la diffusion de la came auprès des plus jeunes. Prendre une substance adulte ets une chose mais la revendre à des gamins franchement c'est criminel... L'introduction au piano fait référence au jazz et aux musiques latines. Je ne voulais pas me priver d'influences qui sont, chez moi, multiples... "

Qu'évoque donc One O One ?

I.E.M. : " L'histoire du texte est particulière. C'est un poème écrit par ma soeur. Elle l'avait postée sur Facebook. J'ignorais, jusqu'alors sa production. Il a fallu que je surfe sur le net pour découvrir sa plume. Le thème est très doux. Je l'ai mis à la fin de l'album. "

 

Propos recueillis par Vincent Caffiaux

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Commentaires
M
Interview très interessante sur Mehdi et son album !
G
vive mehdi le guembri bluze qui fera le beuzzzzzzzzzzzzzzze bravo frere toute la musique que j'aime elle viens de la bas (guembri) et ca mdonne ou tonne le bluzzzzzzzzzzzzz
CUMBE
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