Ebo Taylor Appia Kwa...

Depuis la mort de Fela en 1997, l'afrobeat n'a eu de cesse de faire des émules. Au sein de la propre famille du Black Président avec ses fils Femi et Seun Kuti, et plus généralement dans le monde entier. Il suffit d'écouter les récents enregistrements des américains d'Antibalas, les pérégrinations pop d'un Tony Allen ou le clash musical entre le groupe belge Jaune Toujours et la formation béninoise Gangbé Brass Band pour réaliser l'emprise de ce rythme sur l'actuel répertoire urbain. Contemporain de Fela,  Ebo Taylor n'a pas connu la trajectoire populaire de son homologue nigérian. Occulté par la forte personnalité de ce dernier, le musicien  ghanéen a pourtant tissé un lien évident entre le highlife et l'afrobeat. Une vie entière dévolue à ces rythmes syncrétiques, sur les scènes de Londres ou d'Accra, bastion historique du panafricanisme. Découvert au plan international en 2010 avec l'album Love and Death, le guitariste virtuose, fan de George Benson, explose à 77 ans avec Appia Kwa Bridge. Soucieux de ses racines, Ebo Taylor remet au goût du jour la palm wine music avec un Yaa Amponsah d'anthologie. Pendant moderne à cet alliage passionnant de marching bands, de chants africains et de musiques folkloriques européennes, Nsu Na Kwan et Assomdwee  imposent le groove en art majeur. Alors que Kruman Dey rend hommage à Kwame N'Krumah, leader indépendantiste ghanéen et fer de lance de l'émancipation politique africaine.  Doté d'une rythmique d'airain et de cuivres dévastateurs, Appia Kwa Bridge est surtout un immense album funky. Une passerelle gorgée de soul entre les dancefloors locaux et les boites de Harlem. Fred Wesley ou Bootsy Collins, musiciens auprès de James Brown ou de George Clinton et grands amateurs de rythmes afro, l'ont compris depuis longtemps. Le vétéran Ebo Taylor répond ici aux figures susnommées avec classe.

Strut Records

Vincent Caffiaux