unityAprès Rising Sun, un quatrième opus marqué par une direction musicale acoustique, les canadiens du Souljazz Orchestra négocient, avec Solidarity, un virage électrique. Bien sûr le croisement de rythmes africains, latins et jazzy est toujours au rendez-vous mais avec une interprétation désormais affranchie des canons du genre. Bibinay qui ouvre l'album est un hommage évident à l'afrobeat nigérian. Pourtant si les cuivres pulsent avec un son  analogique qui n'est pas sans rappeler les belles heures du Shrine, le sens de la mesure affirme toutefois une griffe décomplexée. Ici l'énergie est carrément rock. L'ambiance donne naturellement envie de frapper de la semelle avec Cartao Postal, pont entre les sambas brésiliennes et angolaises. Et le véhément Ya Basta témoigne de la passion du groupe pour les rythmes latins. Perles extraites de ce coffre aux trésors, Kingpin revisite le reggae avec une puissance inédite et Nijaay, reprise d'un standart sénégalais, termine l'album avec émotion. Clin d'oeil au Constructivisme, la pochette rappelle surtout la dimension fédératrice du Souljazz Orchestra. Les récents concerts du collectif d'Ottawa, aux côtés de Etta James ou Horace Andy, renforcent l'attitude maison. La démarche est passionnante. Goûter à cet album c'est aussi se mêler de façon irrésistible au melting pot qui brasse désormais les mégapoles de la planète.

Strut Sortie le 17 septembre 2012.

Vincent Caffiaux