Rachid Taha Zoom

Leader, dans les années 80,  du groupe Carte de Séjour puis auteur d'une dizaine d'albums solo, Rachid Taha prône, depuis trente ans, un mix sans complexes entre le rock et les musiques orientales. Une démarche créative qui lui a permis de travailler avec nombre de figures de la scène internationale. Qui, aujourd'hui, en France peut se targuer d'avoir, dans son giron, des musiciens de la trempe de Brian Eno ou de Steve Hillage ? Ou de jouer dans un cadre prestigieux comme la Villa Médicis à Rome ? L'Histoire retiendra que Rock The Casbah des Clash aurait été écrit par Joe Strummer après que ce dernier ai découvert Carte de Séjour... Produit par Justin Adams, musicien connu pour son travail auprès de Robert Plant ou de Tinariwen Zoom, le nouvel enregistrement, confirme l'ouverture culturelle prônée par Rachid Taha. A commencer par Zoom sur Oum, hommage plantureux à la diva égyptienne Oum Kalsoum "Je zoom sur Oum et ça me désoriente..." Ecrit par Jean Fauque, l'un des paroliers de Bashung, le texte évoque non seulement la passion cultivée par le gone lyonnais pour La Quatrième Pyramide mais également sa complicité avec l'auteur de Gaby. Sur le terrible Khalouni Rachid Taha invite Chaba Fadela. Interprète du classique N'sel Fik, la grande voix du raï oranais confond ici son timbre prenant aux effets sonores de l'auto-tuning, technique largement utilisée aujourd'hui au sein de la pop maghrébine. Contrairement à ce qu'induit le titre, Algerian Tango ne mâtine pas le rock bigarré de Rachid Taha au spleen de Buenos Aires mais balance plutôt sur le mode jamaicain. L'occasion pour Mick Jones de renouer avec le riddim reggae des années Clash. La surprise provient de l'impeccable reprise du Now or never, une plage chantée en son temps par Elvis Presley. Enfin pour la relecture de Voilà Voilà, titre anti-raciste écrit par Rachid Taha, il y a déjà vingt ans, des figures aussi disparates que Eric Cantonna ou Femi Kuti combattent les idées nauséabondes de façon salutaire.

Zoom  Naïve

Vincent Caffiaux