L'Afrique Enchantée C'est...

La dernière saison de l'Afrique Enchantée confirme l'excellente tenue du programme de France Inter. Durant une heure, le dimanche en fin d'après midi, Vladimir Cagnolari et Soro Solo  épluchent avec truculence un thème, des anecdotes ou témoignages relatifs au quotidien africain. Naturellement la politique reste un terreau évident pour prendre le pouls du continent premier, découvrir les pouvoirs en place ou observer les rapports aux anciennes colonies. Les seize titres ou documentaires sélectionnés pour ce deuxième tome sont ici autant de témoins de l'actualité de ces cinquante dernière années. Déjà auteur d'une biguine pour Valéry Giscard d'Estaing (!), le guadeloupéen Gerard La Viny tresse des louanges à l'attention du président (dictateur) gabonais Bongo. Alors que l'orchestre Peevox célèbre les compagnies occidentales avec Elf Gabon. Si l'argent n'a pas d'odeur, il sent parfois le pétrole comme le rappelle la zélote formation. Dans un registre traditionnel et tout aussi dévoué, Salif Keita interprète Manjou, une ode de douze minutes au dirigeant malien Sékou Touré. De son côté le génial Pierre Akendengue, figure musicale de Libreville à Paris, développe, avec Le trottoir d'en face, une fable poétique et subversive sur le pouvoir. Les pépites afrocubaines ou calypso s'enchainent avec les archives sonores du sacre de Bokassa ou le discours d'investiture du premier ministre congolais Patrice Lumumba. Et le répertoire ivoirien trouve naturellement sa place avec les frères ennemis Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly et leurs diatribes tropicales ina drum and bass line. Placés en fin de compilation, les burkinabés Smockey et Zedess épatent par leur charisme. Leurs titres Cinquante ans de dépendance ou Un Hongrois chez les Gaulois passent sur le gril la Françafrique ou la politique migratoire hexagonale avec férocité. Un ton inédit qui n'est pas sans évoquer Zao. Deux plages qui sonnent comme les bonnes surprises de cette compilation.

RCA Victor /Sony Music

Vincent Caffiaux