Cesaria Evora 1941-2011

La saudade c'est le passé en pointillé, le présent en suspension. Héritage de l'empire portugais, cette mélancolie  n'a jamais cessé d'imprégner l'oeuvre de Cesaria Evora. Des bars de Mindelo à la scène internationale "Cize", comme la surnomme affectueusement ses fans, aura marqué l'univers musical de sa personnalité désarmante. Après un début de carrière prometteur elle arrête la musique pour des raisons privées. Un passage à vide qui durera dix ans. C'est le public européen qui la relance en 1992  grâce à Miss Parfumado. Sodade, déjà repris par l'angolais Bonga, fait découvrir au public non lusophone la morna, ce blues inspiré du fado. Suivront des productions impeccables comme Cabo Verde ou bien encore Café Atlantico en 1999. Au total, seize albums composent sa carrière internationale. Un parcours couronné par l'obtention  d'un Grammy award en 2004. Grâce à sa popularité, la diva aux pieds nus ouvre  alors la porte à la jeune génération. aux Lura et autre Tito Paris. Elle tisse des liens transatlantiques avec les Antilles et le Brésil. Les duos s'enchainent, avec le cubain Compay Segundo et avec Bernard Lavilliers, en compagnie de Salif Keita ou avec  Adriano Celentano. Un pouvoir émotionnel universel qui trouve son point d'orgue en 2002 avec club Sodade,  improbable album de remix où un collectif de DJ, dont Carl Craig, revisite les thèmes de la dame avec une élégance rare. Cesaria Evora est décédée hier  à 70 ans des suite d'une insuffisance respiratoire.  Aujourd'hui ce sont nos existences qui sont entre parenthèse. 

Vincent Caffiaux

 
Cesaria Evora - Petit pays