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CUMBE
28 novembre 2011

Vaudou cherche DaDa

 
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ritable OVNI sonore sur la scène hexagonale, Congopunq est le fruit d'une rencontre à la saveur pour le moins (d)étonnante. Composée par Cyril Atef, batteur de Matthieu Chédid et du tandem Bumcello, et de Mr Cong performer à l'inspiration fertile, cette formation allie depuis trois ans des musiques aussi différentes que la rumba congolaise, la pop ou bien encore les happenings déjantés. Croisé dans les coulisses du festival Les Nuits Secrètes, Cyril Atef évoque sa prime jeunesse cosmopolite, l'héritage du Do it yourself, les musiques du monde ou bien encore sa collaboration avec l'inénarable Mr Cong.

 

Le nom du groupe est une allusion à l'actuelle scène congolaise...

Cyril Atef : " Oui en fait j'ai toujours été fasciné par les rythmes africains. C'est la découverte d'un enregistrement de Konono sur le label Ocora qui m'a mis la puce à l'oreille. L'usage qui est fait des rythmes est passionnant. Le lien entre tradition et modernité. est très fort Par la suite j'ai naturellement écouté les différentes productions qui sont dans le giron. "

Que vous apporte ce répertoire ?

C.A. : " C'est une belle leçon de choses. Avec peu de moyens ces musiciens crées de nouvelles sonorités. Il suffit d'écouter l'usage qui est fait de la sanza (harpe à pouces ou lamellophone NDLR) pour bien comprendre le procédé. Comme pour les voix ou les percussions, cet instrument est suramplifié. Un procédé de distorsion passionnant qui n'est pas sans rappeler l'usage de la réverbération chez les musiciens jamaïcains. La plupart de ces artistes composent désormais une scène attachante. Regardez un groupe comme le Staff Benda Bilili... "

Comment expliquer cet attrait pour les rythmes du monde ?

C.A. : " Peut être de par mes origines iraniennes et allemandes. J'ai longtemps vécu en Californie. L'approche musicale anglo-saxonne n'a rien à voir avec la culture pratiquée en France. Contrairement aux idées reçues, nombre de figures africaines ou sud américaines tournent régulièrement aux USA. Il suffit d'observer l'engouement de groupes comme Vampire Week End pour bien saisir le phénomène. "

Pourtant grâce à notre héritage historique, nous bénéficions d'une manne culturelle considérable  via les Antilles et l'Afrique francophone. Pourquoi le métissage musical constaté ailleurs semble moins fonctionner sous nos latitudes ?

C.A. : " La production musicale française est avant tout marquée par la littérature. La chanson à texte traduit un particularisme. Sans virer au purisme, il faut bien avouer qu'on est pas non plus un pays de rockers, alors les musiques du monde... Pourtant il ne faut pas minorer les artistes francophones. Seuls percent dans le monde, les créateurs qui cultivent leurs origines tels Kassav ou Khaled. "



A ce titre le rock a-t-il été important pour vous ?

C.A. : " Je dirai que la réponse se trouve dans le nom du groupe. Comme beaucoup de gens de ma génération j'ai découvert la musique par le  biais du punk et les groupes californiens de la fin des années 70 comme Jello Biafra et les Dead Kennedys. Quand California Uber Alles est sorti ça a tout de suite donné le la (rires). J'ai ensuite assimilé le mouvement pour garder l'esprit Do it yourself, la création de labels indépendants ou de fanzines. Avec l'explosion punk tout semblait possible à réaliser. C'est le lien que je fais aussi avec la scène congolaise contemporaine. "

Votre premier album, Candy Godess, fait pourtant appel à des arrangement mélodiques élaborés...

C.A.  :  " Oui parce que j'ai des goûts variés. J'ai fait le parti pris du télescopage entre l'Afrique, les rythmes latins et des mélodies ondulantes. C'est un premier enregistrement. Je ne sais pas quand nous sortirons le deuxième disque mais il ne générera peut être pas les mêmes ambiances... "

Comment fonctionnez vous avec votre alter ego Dr Cong ?

C.A. : " Celui ci fait office de performer. Il crée en situation selon l'humeur et le cadre ambiant . Parmi les petits rituels il y a le recyclage que ce dernier fait de matériaux récupérés sur place. L'ambiance sur scène est surprenante. Tout peut arriver, qu'il s'agisse de construire un édifice éphémère ou d'incarner une quelconque divinité. Ses interventions se calquent aux rythmes, ce qui fait de chaque concert un évènement à part entière. Pas un set ne ressemble à l'autre... "

Justement, n'est ce point là où tout se passe ?

C.A : " C'est un moment privilégié. Notre musique est rythmique et se danse naturellement. Il suffit d'observer la réaction du public. Contrairement à ce qu'on pourrait croire les gens ne sont pas si coincés. La démarche de Dr Cong interpelle forcément (rires). Et c'est vrai que le tempo qu'on donne pousse vite l'assistance à se lâcher. On s'accorde beaucoup de liberté. L'essentiel réside là, dans la fête. "

 

Propos recueillis par Vincent Caffiaux

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